08 Jun
08Jun

«Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi» (Jn 7, 37-39).

L’eau dont il est ici question c’est l’Esprit saint que Jésus promet à ceux et celles qui croiront en lui. La Pentecôte marque le début de temps de l’Esprit et de l’Église. Le récit est familier et met en scène deux autres symboles de l’Esprit, le vent et le feu. Les Apôtres sont réunis. «Soudain, un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent: la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis de l’Esprit saint» (Ac 2, 2-4a).

Au Sinaï, le bruit du tonnerre qui fait trembler la montagne, le feu, la fumée et le vent avaient accompagné la présence de Dieu scellant l’Ancienne Alliance avec son peuple (Ex 19, 18). Luc veut que l’on comprenne bien que nous entrons ici dans la Nouvelle alliance. Après le vent qui marque un nouveau commencement, le feu est mis en valeur, symbole d’amour ardent de Dieu et de sa force purificatrice, comme l’avait annoncé Jean-Baptiste: «Lui vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu» (Lc 3, 16). 

Les disciples se mirent alors «à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit» (Ac 2, 4). Ils parlent en langues étrangères que les témoins sont capables de reconnaître. Les Juifs venus de partout (Ac 2, 5) entendent proclamer la Bonne Nouvelle dans diverses langues, chacun reconnaissant la sienne. (Ac 2, 6). À la Pentecôte, l’Esprit saint est donné. Il parle. Il se fait entendre. Il se fait surtout comprendre! Alors que l’orgueil avait divisé les humains dans l’épisode de la construction de la tour de Babel (Gn 11, 1-9), la Pentecôte les réunit à nouveau, autour d’un nouveau projet, celui du Père.

L’unique Esprit est communiqué à tous, dans le respect de l’originalité des personnes et des cultures. Les différences sont abolies. Quel appel pour nous aujourd’hui! Surmonter les différences. Faire tomber les murs au lieu d’ériger des frontières. Favoriser l’accueil de l’autre en célébrant sa différence. Favoriser l’inclusion et l’intégration, au lieu de l’exclusion. Dépasser les préjugés de toutes natures, car l’autre, chaque autre, est pour moi un frère ou une sœur. L’Église, ainsi constituée de la pluralité de nos différences, devient le témoin crédible du Corps du Christ, signe de sa nouvelle présence, sous la mouvance de son Esprit.

Illustration: «La joie de voir» par Marcelle Ferron, huile sur toile, 1979.

Marcelle Ferron (1924-2001) est une artiste québécoise, figure importante du mouvement automatiste. Elle compte parmi les signataires du Refus global. Elle a créé des vitraux et des peintures qui célèbrent la lumière, la couleur et l’interconnexion des formes. Son travail évoque une harmonie entre les différences, un peu comme une mosaïque où chaque élément contribue à un ensemble vibrant et cohérent.

L’œuvre que je vous suggère ce matin est intitulée «La joie de voir». Elle incarne parfaitement l’exploration de la lumière et de la couleur par Ferron. Celle-ci a toujours cherché à exprimer une énergie vibrante à travers ses compositions abstraites. Cette pièce illustre sa quête de la lumière, un élément central dans son travail, notamment à travers ses vitraux. Elle joue avec les contrastes et les transparences pour créer une sensation de mouvement et d’émerveillement.

Ferron voulait que son art soit accessible et intégré à la vie quotidienne, ce qui explique pourquoi elle a réalisé plusieurs œuvres publiques, comme les verrières du métro Champ-de-Mars à Montréal. Son approche traduit une volonté de célébrer la diversité et l’unité, en mêlant des formes et des couleurs qui semblent dialoguer entre elles.

C’est bien ce que la Pentecôte crée au moment où les Apôtres et les disciples de Jésus auraient pu se disperser et retourner à leur ancienne vie. Non seulement ils se retrouvent réunis, mais leur lien sera plus fort que jamais, devenant ainsi les pierres de fondation de l’Église naissante.

Bonne Pentecôte!

Claude Pigeon, prêtre

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