06 Jul
06Jul

«Votre paix ira reposer sur lui» (Lc 10, 1-9).

Aujourd’hui, l’Évangile nous transporte au cœur de la mission. Jésus envoie 72 disciples, deux par deux, dans les villes et villages pour annoncer une bonne nouvelle: «Le règne de Dieu s’est approché de vous». Et c'est la paix qu'il apporte d'abord...

Ces 72 ne sont pas les Douze Apôtres. Ce sont des disciples, des gens «ordinaires», qui nous rappellent que chaque baptisé est un envoyé. Nous aussi, dans nos familles, nos milieux de travail, nos quartiers, sommes appelés à témoigner de l’Évangile. Il ne s’agit pas de tout savoir, mais de tout vivre.

Jésus leur dit: «Dites d’abord: Paix à cette maison.» Avant même d’enseigner ou de corriger, le disciple est porteur de paix. Dans un monde souvent tendu, anxieux, divisé, offrir la paix est un acte missionnaire puissant. Elle est le signe de Dieu qui vient visiter ses enfants.

Pas de sac, pas de sandales… Ce dépouillement pourrait sembler rude, mais il est le gage d’un cœur libre et confiant. C’est le style même de Jésus: marcher léger pour aller à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est la rencontre.

Guérir les malades, dit Jésus, puis annoncer que le Royaume est là. Voilà l’ordre. Les gestes de compassion précèdent les mots de foi. Notre monde a soif de bonté, de gestes qui soulagent. C’est alors que les cœurs peuvent entendre: «Dieu n’est pas loin de toi».

Cette mission confiée par Jésus n’est pas obsolète. Et si nous partions cette semaine comme l'un ou l'une des 72, envoyés dans votre vie quotidienne avec un mot de paix, un geste de bonté, un sourire, une présence vraie? Car le Royaume de Dieu s’est approché. De vous. De nous.

Illustration «La simplicité de la vie», Iryna Kurbatova, huile sur toile peinte en 2018 (lien Web: La simplicité de la vie Peinture de Irina Kurbatova).

Iryna Kurbatova est une artiste ukrainienne que j'ai croisé sur le Web. Je n'ai pas réussi à en apprendre beaucoup sur l'artiste elle-même, malgré qu'elle soit assez prolifique dans son pays. Le contexte géopolitique en est peut-être la cause... L’œuvre que je vous suggère aujourd’hui est classée dans le genre familial, avec la présence évoquée d'une Madone (peut-être une figure maternelle, inspirée de la tradition chrétienne). Le cadre semble représenter une scène de vie ordinaire, regroupant allégoriquement divers personnages regroupés, mettant en avant des gestes simples, chaleureux, et un regard contemplatif sur le quotidien. Tous ont les yeux fermés, sauf la petite au bas de la composition.

Ici, l’intention spirituelle ou philosophique l’emporte sur la représentation réaliste. On observe une palette de couleurs douces, naturelles, qui transmettent la quiétude et la chaleur — on retrouve des tons terreux, beige, bleu pâle ou ocre. Une brume diaphane semble recouvrir la scène, augmentant son aspect mystique.

L’artiste semble utiliser une composition centrée sur l’humain, soulignant la dignité de la vie simple. Les éléments visuels ne sont pas surchargés: la toile respire, laissant de l’espace à l’œil et à l’âme. Cela renforce le message spirituel du dépouillement et de la sobriété.

La représentation domestique et la Madone pourraient symboliser la sainteté du quotidien —chaque geste, même banal, pouvant devenir lieu de présence divine. Le regard fermé, ou ouvert sur l'intérieur, le jeu des mains, la lumière diffuse dans la toile, la formation d'un halo derrière les têtes... l'artiste met tout ces éléments en scène pour leur faire jouer un rôle essentiel dans la transmission de cette paix intérieure.

Dans cette toile délicate, Iryna Kurbatova pose un regard tendre sur les gestes simples et les silences habités du quotidien. Une lumière douce caresse les formes, un décor apaisé invite à la contemplation. Ici, rien ne crie; tout respire la paix. La présence d’une figure maternelle —une Madone des temps modernes— évoque la tendresse de Dieu qui se manifeste à travers la vie de tous les jours. Et qui est cet enfant qui nous regarde? À chacun et chacune de nous d'y donner un sens...

Cette œuvre devient alors icône, miroir discret de l’Évangile que nous méditons ce dimanche : « Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales... Dites d’abord : “Paix à cette maison.” » (Lc 10, 4-5) Face à la tentation de l’effervescence ou de la surproduction, ce tableau nous enseigne que la beauté s’enracine dans la disponibilité, l’écoute, et la confiance. Elle nous invite à faire du simple un lieu de profondeur. Et peut-être qu’en la regardant, chacun entend cette voix intérieure : « Le Royaume de Dieu s’est approché... et il est plus proche que tu ne le crois. »


Bon jubilé de l’espérance!

Claude Pigeon, prêtre

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