«Restez en tenue de service, les lampes allumées.» (Lc 12, 32-48)
Aujourd’hui, Jésus s’adresse à ses disciples avec une tendresse saisissante: «Sois sans crainte, petit troupeau: votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume». Cette parole, douce et rassurante, dépasse les disciples présents. Elle s’adresse aussi à l’Église à venir, donc à nous, qui marchons dans leurs pas. Pour y accéder, il invite à se détacher des biens matériels, à placer son cœur là où est son vrai trésor et, surtout, à rester en tenue de service, les lampes allumées.
Au temps de Jésus, les mariages juifs comportaient une attente rituelle de l’époux, escorté par ses proches, suivi de l’accueil de l’épouse. En évoquant cette coutume familière, Jésus compare ses disciples à des serviteurs qui veillent: «Heureux ceux que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller».
Mais contre toute attente, à son arrivée, le maître devient serviteur : il fait asseoir ses serviteurs à table et les sert lui-même. Puis Jésus insiste: «Tenez-vous prêts: c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra».
Comme dans la parabole des dix vierges (Mt 25), l’enjeu n’est pas une attente anxieuse, mais une veille joyeuse, une disponibilité à la rencontre: «Voici l’époux, allez à sa rencontre!»
Comment répondre à cet appel? À chaque personne de trouver sa voie, mais voici quelques pistes... Par une routine de prière quotidienne, même brève pour «allumer sa lampe intérieure». Par une attention aux autres: un sourire, une écoute, une présence. En vivant chaque rencontre comme une possible visite du Christ. En cultivant une disponibilité à l’imprévu vécu comme une opportunité: un appel à l’aide, une visite inattendue. Et surtout, en offrant chaque journée comme une préparation à la rencontre ultime.
Chaque instant peut devenir sacré. L’espérance chrétienne ne se vit pas dans la peur, mais dans la joie de l’attente.
Illustration: The Lighthouse at Two Lights (Le Phare à deux lumières), huile sur toile par Edward Hopper (1929). Metropolitan Museum of Art, New York. Source: wikiart.org
Cette toile emblématique du peintre américain Edward Hopper représente le phare de Cape Elizabeth, dans le Maine. L’œuvre appartient au courant "Réalisme américain". À travers une composition épurée et une lumière intense, Hopper transforme ce bâtiment utilitaire en symbole puissant de solitude et de résilience.
Le phare, baigné de lumière et dressé face au ciel bleu, incarne l’individu isolé mais fidèle face aux bouleversements de la société moderne. Peint en 1929, juste avant la Grande Dépression, le tableau évoque la force tranquille de l’Amérique face à l’incertitude. La maison du gardien, avec ses ornements décoratifs, ajoute une touche de fantaisie à une scène autrement austère.
La palette de couleurs – bleu, blanc, gris et vert – renforce le calme et la clarté du paysage. Hopper ne montre pas la lumière du phare, mais sa présence solide, comme un veilleur immobile et silencieux.
En lien avec l’évangile, ce phare solitaire évoque l’attente joyeuse et active face à l’infini du ciel, l’inattendu, et l’arrivée toujours possible d’un navire en quête de refuge. Il ne sait ni quand la tempête frappera ni quand un navire passera… Mais il veille, chaque nuit. Il ne crie pas. Il ne court pas. Il brille, simplement. Et par sa lumière, il sauve.
Le phare devient ainsi une parabole visuelle de notre réponse à l’appel du Christ: «Restez en tenue de service, les lampes allumées». Le disciple ne sait pas quand le Seigneur viendra… mais il veille, il sert, il espère.
En somme, le Christ ne nous demande pas d’avoir peur, mais d’être prêts. Le maître vient… et il veut nous trouver vivants afin que nous partagions sa joie. Comme le phare qui brille dans la nuit, soyons lumière pour nos frères et sœurs qui cherchent Dieu.
Bon jubilé de l’espérance!
Claude