07 Nov
07Nov

«Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai». (Jn 2, 13-22)

 Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus entre dans le Temple, la maison de son Père. Il y découvre les marchands et les changeurs, qui détournent ce lieu sacré de sa vocation première. Alors, il pose un geste radical: il renverse les tables, il chasse les vendeurs. Il ne détruit pas le Temple: il le traverse, il le libère, il le recentre. Puis il annonce: « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai.» Il parlait de son corps en annonçant déjà sa mort et sa résurrection. 

Pour Jésus, ce Temple est bien plus qu’un bâtiment: il constitue le signe vivant de sa relation avec le Père. Le Temple est le lieu de la présence de Dieu, tout comme Jésus lui-même est le lieu de cette présence. Ainsi, il peut parler de son propre corps comme du Temple. Et par extension, chaque vie humaine, aussi fragile soit-elle, si elle s’ouvre à la présence de l’Esprit du Ressuscité, devient un lieu sacré, un sanctuaire habité. 

Voilà le cœur de l’Évangile de ce jour: nous portons en nous la Vie du Père, du Fils et de l’Esprit. Nous sommes des temples vivants, des pierres vivantes du Corps du Christ, qui est l’Église. Saint Paul l’a bien compris, comme la deuxième lecture le rappelle: «Vous êtes une maison que Dieu construit» (1Co 3, 9). 

Dans notre vie d’hommes et de femmes, être des pierres vivantes, signifie que notre dignité ne dépend ni de notre performance, ni de notre apparence, ni de notre statut. Elle vient de cette vérité profonde: nous sommes des sanctuaires vivants, portant dans des vases fragiles une présence divine. Le Père, le Fils et l’Esprit ont fait en nous leur demeure. Nos gestes quotidiens d’écoute, de consolation, de travail, d’amour et d’amitié deviennent alors des prières silencieuses, des liturgies discrètes qui sanctifient nos journées et rendent Dieu présent au monde. Il vit à travers nous, avec nous, en nous. 

Être une maison que Dieu construit explique pourquoi dans notre vie spirituelle Dieu ne se tient pas à distance. Il traverse nos vies comme Jésus traverse le Temple: parfois en douceur, parfois en renversant ce qui nous encombre. Il nous libère, il nous recentre, il nous relève. La prière, et tout ce qui nourrit notre foi, devient une manière d’ouvrir les portes de notre temple intérieur pour y accueillir sa présence. 

Pour la communauté, c’est un rappel que l’Église n’est pas d’abord un bâtiment, mais le sanctuaire du Dieu vivant, fait de chacun et chacune de nous. Nous sommes les pierres vivantes de cette construction. Chaque personne y est précieuse. Chaque fragilité y est sacrée. Chaque rencontre peut devenir eucharistique. Chacun apporte sa contribution en lien avec le Christ qui est à la foi la pierre de fondation et la clé de voûte de l’édifice. 

Aujourd’hui, nous ne célébrons pas un édifice, à Rome ou dans notre paroisse, mais une promesse: celle de Dieu qui veut habiter nos vies, non pas dans les hauteurs, mais dans les corps, les liens, les gestes. Là où l’on aime. Là où l’on pleure. Là où l’on espère.

 Illustration : Basilique Notre-Dame de Montréal. Photo de la voûte, crédit : www.basiliquenotredame.ca

La Dédicace de la Basilique du Latran est une invitation à lever les yeux au-delà des pierres taillées. Chaque église, de la plus resplendissante des cathédrales à la plus humble chapelle de campagne, qu’elle soit faite de pierre ou de bois, rappelle une réalité plus profonde: l’Église vivante, faite de chrétiens et de chrétiennes, dispersés mais unis, sanctifiés par l’Esprit pour former ensemble le Corps du Christ, dont il est lui-même la pierre de voûte. Là où deux ou trois sont rassemblés, le Christ est là. Par son Esprit, il sanctifie son Église. 

Plus près de nous, je vous invite à lever les yeux vers une œuvre d’art vivante: la Basilique Notre-Dame de Montréal. Érigée entre 1824 et 1829 par James O’Donnell, elle est plus qu’un monument: elle est mémoire, prière et lumière. Comme plusieurs des églises du Québec, elles reflètent notre histoire et la foi transmise par nos parents spirituels. Sa voûte en bois, étoilée comme un ciel d’espérance, et ses vitraux, qui racontent Montréal comme une Bible en couleurs, font d’elle un sanctuaire où beauté et foi s’embrassent. 

De style néogothique, sa voûte peinte est ornée de motifs floraux, dorés et célestes. Bien que construite en bois plutôt qu’en pierre, le point central de la voûte joue le rôle symbolique de la clé, là où toutes les nervures convergent. Ce centre architectural devient un lieu de contemplation, rappelant que le Christ est la pierre sur laquelle repose l’édifice vivant qu’est l’Église, où qu’elle soit à travers le monde, et aussi diversifiée que puisse être chacune de nos assemblées vivantes. 

Dans cette basilique, la clé de voûte ne se montre pas comme une pierre brute, mais comme une étoile au cœur du ciel. Elle est le Christ, centre invisible et lumineux de notre foi, celui qui soutient et unit ce que chacun et chacune de nous apporte pour construire son Corps qui est l’Église.

Bon jubilé de l’espérance ! 

Claude

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