31 Aug
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«Quiconque s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé.» (Lc 14, 1.7-14)

Dans l’Évangile de ce jour, Jésus est invité à un repas. Il remarque qu’en arrivant, les invités cherchent les meilleures places, espérant être vus, honorés. D’autres, plus discrets, s’installent au fond de la salle. Il en tire une parabole: «Ne va pas t’installer à la première place… Quiconque s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé».

Pour Jésus, la vraie grandeur ne se cherche pas dans les premières places, mais dans l’humilité du cœur. L’humilité n’est pas une faiblesse, mais une force qui ouvre à l’autre sans prétention. 

L’humilité biblique, loin d’être effacement, est la juste conscience de notre place devant Dieu. Dieu a fait de l’humain un prodige, une merveille (Ps 138) que nous portons dans des vases d’argile (2Cor 4,7). Dieu façonne notre faiblesse avec tendresse, comme le potier pétrit la glaise. Ce travail de transformation se réalise souvent dans le silence.

L’écoute devient alors une école d’humilité: se taire pour entendre, s’ouvrir à la grâce. C’est dans le silence que Dieu façonne nos cœurs. Écouter, c’est également accueillir l’autre sans juger, c’est reconnaître la dignité de ceux et de celles que le monde oublie.

Jésus nous appelle à un banquet où les exclus deviennent les invités d’honneur. Notre foi ne se vit pas dans les hauteurs, mais dans le service discret et fidèle. L’humilité se traduit alors en actes: une hospitalité gratuite, un amour qui ne calcule pas, sans condition ni attente. 

L’évangile du Royaume nous invite à ouvrir nos tables aux personnes pauvres, oubliées, ou qui ne peuvent rien nous rendre en retour. C’est là que commence la véritable justice: dans l’accueil, le service, et la joie de se faire petit pour que l’autre grandisse.

Illustration: «Women are heroes» (Les femmes sont des héroïnes), œuvre publique par l’artiste français JR (2009), projet réalisé dans la favela Morro da Providência à Rio de Janeiro, Brésil.

JR est le pseudonyme d’un artiste photographe français né en 1983, connu pour ses collages photographiques monumentaux dans l’espace public. Il se définit comme un «artiviste», mêlant art et activisme social pour donner une voix aux invisibles.

Ce qui rend JR unique, c’est l’utilisation de l’espace public comme galerie. Il expose sur les murs, les toits, les conteneurs… partout où l’art peut rencontrer les personnes qui ne fréquentent pas les galeries d’art et les musées. Il photographie des anonymes, des réfugiés, des femmes, des enfants ou des ouvriers et affiche leurs visages en grand format pour les rendre visibles. Il leur donne la première place!

Une des réalisations marquantes de JR est son projet «Women Are Heroes », lancé en 2008. Il s’agit d’un hommage aux femmes vivant dans des conditions précaires à travers le monde, notamment au Kenya, en Inde, au Brésil et au Cambodge. JR photographie leurs visages et les affiche en grand format sur les murs, les trains, les toits, parfois même sur les conteneurs d’un port.

Pour rendre hommage à celles qui occupent un rôle essentiel dans les sociétés, mais qui sont les principales victimes des guerres, des crimes, des viols ou des fanatismes politiques et religieux, JR a habillé l’extérieur de la favela avec ses immenses photos de visages et de regards de femmes, réunissant subitement la colline et le village dans un regard féminin. L’auteur explique: «C’est un projet fait de bric et de broc, comme la favela elle-même. On s’est adapté à l’environnement dans cet univers où les toits des maisons sont en plastique et les revolvers des enfants en acier. On s’est débrouillé malgré les rues en pentes, les maisons chancelantes, les câbles électriques imprévisibles et les échanges de tirs qui traversent parfois plusieurs maisons».

En lien avec l’évangile de ce matin, l’artiste JR donne une place centrale à celles que le monde ignore. Il les invite symboliquement au «banquet visuel» de l’espace public, leur offrant une dignité que la société leur refuse. Ces femmes, souvent invisibles, deviennent les héroïnes du quotidien. Leurs visages géants sur les murs des favelas ou des bidonvilles incarnent le renversement évangélique: «Qui s’abaisse sera élevé». JR ne parle pas à leur place, il les laisse parler à travers leurs regards. Il sert leur cause en les rendant visibles, sans chercher la gloire personnelle.

Pour ma part, j’aime voir dans cette œuvre une actualisation de la parabole de ce jour et une action concrète pour redonner leur place à ces femmes qui autrement auraient été ignorées et oubliées. Je vous invite fortement à découvrir la page dédiée au projet «Women are heroes» en cliquant sur ce lien www.jr-art.net/fr/project-list/woman-are-heroes .

Bon jubilé de l’espérance!

Claude

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