14 Sep
14Sep

«Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique». (Jn 3, 13-17)

Nous vivons entourés de signes. Certains nous préviennent, nous guident, nous protègent: les feux de circulation qui régulent nos routes, les panneaux de danger qui nous alertent, la croix verte des pharmacies qui nous rassure.

D’autres nous séduisent: les logos brillants des marques de luxe, les publicités colorées qui promettent le bonheur, les slogans politiques qui cherchent à capter notre adhésion.

Et certains, hélas, ont été détournés pour semer la peur: la swastika, dans sa version nazie, devenue symbole de haine, le costume du Ku Klux Klan, utilisé pour intimider et exclure, ou encore certains drapeaux brandis pour diviser plutôt que rassembler.

Mais aujourd’hui, nous célébrons un signe unique: la Croix du Christ. Un signe qui ne trompe pas, qui ne manipule pas, mais qui révèle un amour plus fort que la mort. Un signe qui nous parle de pardon, de miséricorde, et de vie donnée.

Jésus révèle ce signe extraordinaire à Nicodème. Tout comme Moïse a élevé le serpent de bronze dans le désert pour guérir et sauver de la mort les Israélites, le Fils de l’homme, lui aussi, doit être élevé sur une Croix afin que quiconque croit en lui soit guéri et sauvé de la mort du péché et obtienne la vie éternelle.

Nous sommes ici au cœur de la foi chrétienne: «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique », non pour condamner, mais pour sauver.

Ce passage annonce que la Croix ne sera pas un échec, mais un acte d’amour extrême, un geste de Dieu qui se donne entièrement pour nous. Être «élevé» signifie à la fois la crucifixion, la résurrection et la glorification du Christ, mouvements inséparables les uns des autres.

Aujourd’hui, nous sommes invités à lever les yeux. Non pas vers une idée abstraite, mais vers un signe concret, élevé, vivant: la Croix du Christ. Nous la contemplons et nous l’exaltons, non comme un instrument de mort, mais comme le sommet de l’amour divin. C’est là que le monde est sauvé, là que le cœur du Père se révèle, en accueillant sur la Croix de son Fils toutes nos croix personnelles.

Illustration: «L’Échelle de Jacob», Marc Chagall. Œuvre sur papier réalisée en 1974 à l’aquarelle, au pastel et au crayon. Collection privée. Source : www.MutualArt.com

Marc Chagall (1887–1985), peintre franco-russe d’origine juive, est l’un des grands poètes de la peinture moderne. Son œuvre traverse les courants du XXe siècle sans jamais s’y enfermer. Il mêle les récits bibliques, les souvenirs d’enfance, les symboles populaires, dans une palette vibrante et flottante, comme suspendue entre ciel et terre.

Chagall ne peint pas le monde tel qu’il est, mais tel qu’il est ressenti: avec ses douleurs, ses espérances, ses mystères. Il est l’un des rares artistes modernes à avoir abordé les textes bibliques avec une telle tendresse et une telle intensité.

Dans «L'Échelle de Jacob», Chagall illustre le rêve de Jacob (Genèse 28): une échelle relie la terre au ciel, et des anges montent et descendent. Jacob est couché, vulnérable, tandis que le monde céleste s’ouvre au-dessus de lui.

L’échelle traverse verticalement la toile, créant un axe de lumière et de mouvement. Les figures flottent dans une composition fluide, presque irréelle. Les bleus célestes, les jaunes dorés et les touches de rouge évoquent la paix, la transcendance, la visitation divine.

L'échelle qui traverse l'oeuvre verticalement devient le lien entre l’humain et le divin. Elle incarne la présence de Dieu dans la nuit de l’homme, la promesse d’une alliance, et l’ouverture d’un chemin vers le ciel.

La Croix du Christ aussi crée un pont entre la terre et le ciel. Comme l’échelle de Jacob, elle manifeste ce double mouvement: un Dieu qui descend dans notre fragilité, et nous élève vers sa lumière.

L’œuvre de Chagall nous ouvre une porte visuelle vers le mystère que nous célébrons aujourd’hui: elle prépare le regard à contempler la Croix, non comme un instrument de mort, mais comme l’échelle nouvelle, celle par laquelle l’amour descend et la vie éternelle s’élève.

Et puis la Croix du Christ va encore plus loin, les bras ouverts du Sauveur créent un lien avec celui ou celle qui le regarde et y reconnaît des bras ouverts pour accueillir ses croix personnelles. Oui, le Christ est élevé sur une Croix de bois, non pour dominer, mais pour sauver.

Bon jubilé de l’espérance!

Claude

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